La vallée de la Grande Maison est une de ces vallées où l’on vient écouter et observer le brame du cerf : cerfs et biches y ont décelé un vaste versant nord-ouest, abrupte, colonisé par une végétation semi-ligneuse. Personne ne se rend dans ce royaume des amours. Nos pas iront fouler un petit vallon perpendiculaire à celui-ci. Le sentier qui nous mène aux lacs de la Tempête empreinte un alpage dont les prairies se vêtissent d’une couleur fauve, couleur de l’automne. Nous abordons une ruine, vestige d’un vieux chalet d’alpage et témoin d’une occupation ancienne par les paysans et paysannes pendant la belle saison. Cette ruine laissera les esprits pensifs, jusqu’à ce que nous parvenions à une ligne de faiblesse : un col. D’ici, les enfants restent stupéfaits de la beauté du paysage qui se dévoile sous leurs yeux : le massif du Beaufortain n’a plus de secret pour eux, ni l’imposant Mont-Blanc.
Sabine et moi sentons que l’immersion des enfants, dans ce milieu fantastique, a déjà commencé… Il ne nous reste qu’à se laisser guider vers les Sept Lacs pour qu’elle soit totale ! Les mômes traversent avec aisance la zone de pierrier qui nous sépare de la première étendue d’eau. La voici. Le bleu profond tranche avec le rouge vif des myrtilliers. Les enfants mèneront la marche vers les autres lacs. Le pique-nique est bien mérité pour eux, même si aucune trace de fatigue ne se laisse pressentir : tels de petits chamois, ils me demandent de grimper aux rochers. Un à un, ils iront tester leur peur et leur agilité. Tous auront su se dépasser, avant de redescendre.