La météo n’annonce vraiment pas un beau weekend, mais qu’importe. Les filles semblent avoir une motivation à toute épreuve. Et pourquoi pas. La montagne n’a pas toujours besoin de se dévoiler toute entière pour être désirable. C’est même lorsqu’elle se pare de son voile nuageux, qui tantôt l’enveloppe, tantôt la découvre, lorsqu’en somme elle garde une partie de ses mystères, qu’elle laisse au visiteur une image ancrée. Toute la journée, l’ambiance sera ainsi, resserrant les liens dans une cordée qui apprend à se connaître. Si la montée dans le mélézin est pénible, je garde un souvenir marqué de la pente douce suivante, qui nous mène avec progressivité jusqu’au col du Mont Gelé. Cette grande rampe, surmontée d’une austère paroi me donne à cet instant le sentiment que nous sommes bien là, dans ce petit vallon débonnaire. L’autre versant nous invite en revanche à la prudence : la pente est raide, parfois durcie par le vent, et quelques cailloux émergent. Le peu de neige se ressent ici, la maigre couche de fraîche n’est utile qu’à cacher la misère.
Giorgio n’y croyait plus. Il est aussi surpris qu’heureux de nous voir arriver : le refuge devait être complet ce soir, mais personne n’est monté. Ce sont de rares moments, qui laissent des souvenirs impérissables. Instants de vie simple, d’anecdotes et de rigolades, échangées dans la douce chaleur du poële à bois, d’un feu crépitant.
La nuit a été difficile pour Aurélie, et le lendemain n’est qu’un supplément. Nul besoin d’en faire beaucoup, l’expérience du mauvais temps intensifie chaque pas. Dernière épopée de la journée : la manip de voiture, que nous nous sommes évertués de faire la veille n’a pas fonctionnée : Aurélie a laissé sa clé dans ma voiture. Mais dès fois, la chance s’empare de ces situations désespérées. La seule voiture qui a dû se garer là aujourd’hui, au Rû, est sur le point de démarrer…